samedi 12 mars 2011

BOKATOR

Il y a 2000 ans, un guerrier est revenu vainqueur d’un combat contre un lion. Depuis, les techniques de combat ont évolué jusqu’à donner naissance à la plupart des arts martiaux du sud-est asiatique. Aujourd’hui, nous revenons à l’origine : le Bokator. L’art martial ancestral grâce auquel certaines parties du corps de l’homme deviennent une arme capable de terrasser un lion dans une lutte équitable et légitime pour la survie...


 Tout d'abord, regardant à quoi ressemble cette art martial^^
 
 Et voici...
... maître San Kim Sean!
Souvent décrit comme le père du Bokator moderne, San Kim Sean est actuellement le pratiquant le plus haut gradé au monde, un des sept maîtres qui ont survécu au régime Khmer Rouge.
San Kim Sean a commencé à apprendre le Bokator à l'âge de 13 ans, sous la tutelle de son oncle, maître de Bokator dans la province de Pursat. Il a commencé sa formation en Hapkido en 1969 et a obtenu en 2001 son 10e Dan (rang le plus élevé dans l'art martial coréen de Hapkido). 
>> Le 28 Septembre 1985, il fut contraint de quitter le Cambodge sous le régime de Pol Pot et se réfugia en Amérique où il enseigna le Hapkido. Pendant le régime de Pol Pot, ceux qui pratiqués les arts martiaux traditionnels ont été systématiquement exterminés par les Khmers Rouges. Certains se sont réfugiées ou ont cessé d'enseigner et se sont cachés dans les campagnes.
>> En 1995, il décide de retourner au Cambodge pour faire revivre le Bokator. Le Cambodge était à ce moment là sous l'occupation vietnamienne et les arts martiaux étaient interdit (le fait de le pratiquer fessait de la personne un hors la loi). San Kim Sean a donc jugé qu'il était encore trop dangereux d'enseigner le Bokator, donc il est parti seul dans les montagnes où il a passé son temps à méditer. 
>> En 2001 il décide de retourner à Phnom Penh et commencent alors à enseigner. Cette même année, il décide de faire un grand voyage, partant à la recherche des maîtres qui ont survécu, afin de documenter toutes les techniques de Bokator. Son voyage la conduit à se rendre dans les villages, les communes, les districts et les provinces de tout le Cambodge.
>> Quand il trouva enfin les maitres, certain était déjà trop vieux, d'autre était las de l'enseignement en raison des nombreux années d'oppression et de persécution. Après beaucoup de persuasion et de l'approbation du gouvernement, les anciens maîtres et San Kim Sean réussient efficacement à réintroduire le Bokator au peuple Cambodgien. Tout les maîtres réunis, ils formèrent le Cambodge Yuth Kun (fédération crée le 24 avril 2004) où San Kim Sean en est le président. 
>> Le tout premier championnat national du Bokator a eu lieu à Phnom Penh en Septembre 2006 au Stade Olympique. Aujourd'hui, il existe trois écoles sous la direction de San Kim Sean et cet art ne cesse alors de croître.


Benjamin Sebire (deuxième plus jeune Krama noire au monde)
Le krama indique le niveau du combattant de l'expertise. La première catégorie est blanc, suivi du vert, bleu, rouge, brun, et enfin au noir, qui a 10 degrés. Après avoir terminé leur formation initiale, les combattants portent un krama noir pendant au moins une dizaine d'années. Pour atteindre le krama or doit être un vrai maître, et doit avoir fait quelque chose de grand pour bokator. C'est très certainement un temps et peut-être long de la vie s'efforcent: dans la partie non armés de l'art seulement, il ya entre 8000 et 10000 différentes techniques, seulement 1000 qui doit être appris à atteindre le krama noir.
On peut retrouver sur les bas reliefs des temples d'Angkor des scènes de combats nommées Vay kbach boran khmer (technique de combat des anciens Khmers), qui auraient été sculptées au Xème siècle. En réalité, les sculptures représentaient une forme de boxe libre. Ce n'était pas encore la forme qu'on retrouve actuellement avec des gants. Sur le temple du Bayon (1177 à 1230) on peut apercevoir, gravées dans la pierre, des scènes de combats guerriers montrant de très sommaires techniques de parade et d'attaque avec les pieds.

Fondé pendant la période Mon-Khmer (+-Xè siècle), les premiers bokators (littéralement les combattants de lion) étaient des fermiers qui protégeaient leur terre, leur bétail et leur famille des lions et des tigres. C'est un art martial créé par les chasseurs et les fermiers à partir de leurs observations d'animaux chassant et se défendant dans les jungles sauvages du Cambodge. Plus complet que la version sportive "boxe khmer" qui comporte 7, 8 frappes de base, le bokator comporte 8.000 à 10.000 mouvements à partir de postures différentes. L'art contient de nombreux styles animales dont : Hanuman (le roi singe), le lion, l'éléphant, Apsara (la nymphe sacrée, hindoue et traditionnelle), le crocodile, le canard, le crabe, le cheval, l'oiseau, le dragon, le serpent... Le Bokator a été utilisé à des fins militaires, notamment contre la Thaïlande, et est exercé par le Roi Jaya Varman VII.
Réveil du lion
Les Bokators d'aujourd'hui portent toujours les uniformes des anciennes armées Khmères : le krama qui est enroulé autour de leurs tailles, des cordelettes rouges et bleues appelées sangvar day, qui sont liées autour de leurs biceps et un bandeau en soie pour la tête.

Pour les Khmers, les Thaïlandais n'auraient fait que commercialiser cette discipline issue de l'empire khmer. Malheureusement, les rivalités avec les Thaïlandais ne sont pas prêtes de s'éteindre. Mais en y regardant de plus près, les dernières guerres qui dévastèrent le pays ont énormément contribué à faire perdre à la boxe khmère sa substance et son image d'antan, laissant ainsi les thaïlandais développer cet art et le faire connaître au monde.
Un comité de boxe s'est réuni en 1995, sous les auspices de l'ASEAN. La Thailande a refusé d'affirmer que la boxe thaïlandaise était issue de la boxe khmère. Le monde entier connait désormais le nom de "Muay Thaï" mais ignore l'existence même du "Muay Khmer".

Les Thaïlandais ont cependant le mérite de faire connaître au monde ce grand art martial, qui malgré le nom qu'il porte, qu'il soit "Muay Thaï" ou "Muay Khmer" garde l'identité d'une culture aujourd'hui transmise un peu partout dans le monde.
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Commentaire de Lok Hour du site kunkhmerandresy.net:
Pour moi, c’est grossièrement inadmissible et irrespectueux envers ce sport comme ceux qui l'ont fondé, qu’il soit appelée Boxe thai alors que ce sport est incontestablement origine khmer. Il a été développé par nos ancêtres et nos aînées lointains ou proches. Selon ce que racontent mes oncles et ma mère, ce sport (Prodal Serei ou boxe thai) est typiquement khmer et était très populaire dans les années 70 au Cambodge. A cette époque, on n’entendait jamais le mot thai dans ce sport. Les thais venaient insister ou participer ce sport au Cambodge entant qu'invités et souvent ils se faisaient massacrer comme de maudits mouches sur le ring par nos grands champions comme Oum Ry et Chea Sarak. Mais par nature respectueux et de modestie, nos aînés nommaient ce sport Prodal Serei (Free boxing) pour son origine antique et son développement et adaptation nouvelle au boxe anglais (porte de gang, ring, Uniform, règles à respecter à l’occident) pourtant on a de quoi le surnommer à la khmère.
Je trouve peu digne de la part des thais qui ont profité des années troubles et de grandes guerres au Cambodge pour grossièrement changer le nom du prodal serey khmer à la boxe thai sans même prendre le temps de changer les aspects basics qui ont été fondés par nos aînés comme :
 
- La musique pour accompagner le combat, le "Khlang Khaek" que les cambodgiens ont utilisé pour accompagner les morts. Les fondateurs de prodal serey l’ont choisi pour signifier la violence du combat car dans certain combats, les boxeurs peuvent trouver la mort.
- Le "Wai kru", mot cambodgien, est appelé par les thais de façon barbare qui signifie frappe ou battre le maîtres (Wai=frappe ou taper, Kru=maitre). Au sens noble du terme et à la façon cambodgienne on appelle ça "Kun Kru" qui signifie art martiaux du maitre ou gratitude/devoir au maître. C’est une danse que le boxeur pratique avant de boxer pour marquer ses respects et  sa gratitude envers les maitres et les esprits des maitres suivant une danse autour du ring que les thai appelle "Ram Muay". Ram est aussi un mot cambodgien qui signifie "Danser" et muay signifie "Un". Cependant j’ignore si "Muay" est de la langue thai.
- Le bandeau aux bras et au front appelé "monkhul" est également un mot cambodgien signifiant Chance ou Porte bonheur. On peut également constater certain détails dit de magiques noirs qui sont très pratiqués au Cambodge par les militaires et ceux qui pratiquent les sports violents comme des prières, tatoués, etc...
Selon mes observations, Prodal serey (boxe thai ou muay thai) est une adaptation et un mariage de Bokator et de boxe anglais développé par les Cambodgiens au cours des influences occidentaux en Asie du Sud-Est puis a été changé en boxe thai aux cours des années 80 et 90, années où les touristes occidentaux affluent aux Thaïlande. Cependant, je n’ignore pas que certains fragments de ce sport, de son aspect, primitif existe. 
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Bokator est un système de combat avec du pied-poing privilégiant les genoux ainsi que les coudes. Il y a également des projections, du sol, du trapping, etc... Chaque partie du corps peut être utilisée comme une arme, même les doigts, les hanches et les épaules peuvent être utilisées pour marteler un adversaire. Les armes principales sont le bâton, l'épée courte, le fléau (similaire au nunchaku, mais avec un bâton plus long que l'autre) et aussi le krama (écharpe Khmère traditionnelle).

Relief d'Angkor représentant un homme tenant un phkak
Technique du Krama
Démonstration de San Kim Sean

Double frappé de coude
     

Combinaison du genou et du coude
      

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bon, après de longs moments de recherche, j'ai enfin réussi à comprendre comment laisser un commentaire.

Fort joli blog que voilà ! Je ne connaissais pas du tout le Cambodge, me voilà comblé. Chouettes images, chouettes musiques, des infos très intéressantes. Je ne peux que te dire : merci.

Je dirai merci aussi à ta petite sœur qui m'a indiqué cette adresse.

En espérant que tu continues pendant un bon moment (et que tu finisses par aller au Cambodge, puisque c'est apparemment ce dont tu rêves)

Si jamais tu veux répondre à mon commentaire (on ne sait jamais) je te suggère d'envoyer la réponse à l'adresse suivante :

nagashduterroir@hotmail.fr

Sur ces mots, salutations.